Comment allier carrière et maternité sans perdre le Nord?
Des astuces d'une maman africaine, travaillant en free-lance et à temps plein.
Métro, boulot, dodo, une expression bien faite pour les messieurs. Qu’en est-il des mamans qui travaillent ? Qui est là, ou quels sont les mécanismes mis en place pour galvaniser celles pour qui le modus operandi est le suivant : réveiller les enfants, les laver, leur donner à manger, les amener à l’école, ensuite – métro, boulot – puis retour auprès des enfants, les débarbouiller, leur donner un goûter, jouer, les préparer pour le dîner, les habiller, leur lire une histoire, les dorloter, s’occuper de son mari, et enfin dodo ? Cette routine, quasi-impossible à maintenir sur le long terme, nous désaxe très facilement de nos ambitions de carrière lorsqu’on est maman. Que ça soit dans un bureau, en freelance ou en tant que businesswoman, être maman et travailler à temps plein est une double corvée. Pour la femme qui s’engage à faire les deux, elle n’a pour unique levier qu’une passion farouche de réaliser ses rêves et une persistance inébranlable. Et qui dit persistance inébranlable, dit organisation, discipline, et abnégation. Des ingrédients pas si simples à trouver lorsqu’on est maman !
Pour ma part, je suis entrepreneure écrivaine et j’ai beaucoup galéré avec un manque de sommeil chronique du aux nuits blanches passées avec mon bébé. Et parce que je dormais mal ou à peine, je n’arrivais pas du tout à me concentrer pour accorder à mes petits business l’attention qu’il fallait pour qu’ils décollent. Résultat ? J’en suis devenue plus ou moins velléitaire et souvent triste de ne pas me sentir accomplie. Cela dit, je fais partie de ceux qui croient fermement en l’importance de reculer pour mieux sauter, en d’autres termes étudier en profondeur chaque échec pour savoir quelle est la meilleure solution à appliquer pour avancer dans un projet. J’ai donc cherché à couper le problème à la racine et ma solution m’est venue très naturellement lors d’une séance d’écriture.
En effet, parmi mes nombreux projets de 2022 figurait celui de compléter un livre sur la maternité vu sous l’angle d’une femme africaine. J’écrivais à chaque fois que je le sentais, sans réelle organisation de mon temps, en me disant que le simple fait d’être mère me permettrait d’écrire très vite et bien sur ce sujet si important. Toutefois, les pages ne se remplissaient toujours pas. Pour moi, une séance d’écriture réussie voulait dire mille mots minimum. Mais je n’étais pas toujours inspirée et souvent, parce que je ne complétais pas ces mille mots, je prenais de longues pauses de deux jours, trois jours, voire une semaine, le temps d’être revigorée.
Un beau matin, après avoir complété ma prière de l’aube, le doux arome de mon espresso et de la brise comme uniques compagnons et mes enfants encore sous les bras de Morphée, je me suis mise à écrire. Le tout sans perturbation. De cette séance matinale est née une sensation incroyable de satisfaction car j’étais non seulement heureuse du fait d’écrire à mon rythme et dans l’environnement idéal, mais le chapitre que j’écrivais était court, concis, et intéressant. J’étais encore plus proche de mes objectifs. Cela m’a appris deux choses : premièrement, qu’il me fallait un créneau pendant lequel je pouvais me sentir libre et exploiter toute ma créativité. Deuxièmement, mon but étant d’écrire au moins trente-mille mots pour le livre et en ayant complété jusque-là qu’à peu près neuf-mille, je me suis donné le challenge d’écrire impérativement cinq-cents mots par jour, chaque matin, au moment où les enfants dormaient et avant d’aller au travail. Ce nombre de mots à atteindre chaque jour me semblait raisonnable et ne nécessitait pas beaucoup de temps. Savoir qu’au bout d’une semaine, je me retrouverais avec deux-mille cinq cent mots, me motivait beaucoup. En respectant ce rythme, j’allais facilement terminer le livre en deux ou trois mois.
La leçon que vous pouvez tirer de cette petite anecdote en tant que maman active est qu’il vous faut, dans vos objectifs de carrière, vous organiser méticuleusement. Tout blâmer sur le dos des gens ou sur le fait de ne pas avoir le temps alors qu’on arrive pas, soi-même, à développer une bonne discipline qui nous permette d’avoir beaucoup de succès dans notre domaine de compétences, ne vous mènera nulle part et vous rendra encore plus aigrie. Lorsque vous avez un objectif de carrière sur le long-terme, organisez-vous pour avancer vers sa réalisation petit à petit chaque jour. Soyez très claire sur le temps que vous accorderez par jour à ce projet en fonction de taches prédéterminées et ensuite calculez vos progrès escomptés par mois, c’est-à-dire ayant fait tel ou tel effort par jour, où en serais-je dans un mois ? Et pour chaque étape franchie, offrez-vous un cadeau ! Pourquoi pas, brave maman ? vous l’avez bien mérité.
Tout ceci vous aidera à être redevable envers vous-même et mieux, personne ni rien ne pourra vous empêcher de réaliser vos plus grands rêves.
« Et que faire de ces jours où je n’ai pas le temps ? », dites-vous.
Comprenez qu’il s’agit de l’exception à la règle, et qu’il y a en effet des jours où on ne peut pas s’accommoder, quoiqu’on fasse, pour notre projet de passion. Une maladie dans la famille, une urgence dans le travail de bureau, tout ça est bien valide, mais encore une fois, c’est exceptionnel. Ne vous laissez pas soudoyer par la paresse et les excuses, elles ne font que vous ralentir dans la réalisation de vos rêves. Accordez une importance capitale à vos rêves, mettez-les juste en-dessous des enfants en termes de priorité, choisissez des heures ou des moments où les enfants ne sont pas là, faites de ces moments des obligations quotidiennes comme le fait d’aller au travail, ou de se brosser les dents avant de vous coucher, et vous verrez en un temps record des changements.
N’oubliez pas que vous devenez ce que vous pratiquez. Vous êtes ce que vous faites. Et pour preuve, je vous donne l’exemple de mon fils qui à présent apprend à parler, à désigner du doigt et à identifier tout ce qu’il voit. Lorsqu’il voit un chien, il crie « wouf, wouf ! », il ne dit pas « chien » alors qu’on lui dit toujours qu’il s’agit d’un chien. En vérité, mon enfant décrit ce qu’il observe, ce que le chien fait quotidiennement. Un chien aboie. On détermine que tout ce qui aboie est un chien. Un entrepreneur entreprend. Un écrivain écrit. Par le simple fait de vous observer dans vos actes quotidiens, on doit pouvoir déterminer ce que vous faites et ce qui vous tient à cœur. Donc si vous vivez de votre passion, on pourra facilement le deviner à travers vos actes et vos paroles. Quand je dis « Lebron James », on pense au basketball, lorsque j’évoque « Martin Scorcese » on pense au cinéma. Choisissez donc très sagement votre passion et lancez-vous de sorte que d’ici quelques années, lorsqu’on évoque votre nom, on pense directement à cette discipline que vous avez pratiqué comme personne auparavant.
« Facile à dire. Et pendant que je travaille et que j’entreprends, qui s’occupe de bébé ? »
Votre préoccupation est tout à fait légitime mais je suis là pour vous dire que ce n’est pas une excuse. Je vous donne ces astuces en tant qu’entrepreneure à temps partiel qui va au travail à temps plein. Ceci veut dire tout simplement que j’ai utilisé des heures où je n’ai pas encore franchi la porte de mon appartement et où les enfants ne se sont pas encore réveillés pour écrire. Si je n’avais pas de nounou et que je devais me rendre au travail en Europe ou aux États-Unis, j’aurais tout de même déposé mes enfants à la garderie. Et si j’avais la chance inouïe d’être basée au Canada où ils ont tout compris et donnent des congés de maternité payés d’un an aux mamans, j’accorderai du temps à l’écriture lors des siestes de bébé. Si en plus d’une bonne organisation de mon temps, j’arrive à convaincre mon mari de s’occuper des enfants ne serait-ce qu’une bonne heure, plus rien ne pourrait m’arrêter.
Finalement, il s’agit tout simplement de comprendre que tout choix a un coût et de faire le bon choix. Sacrifier du sommeil ou limiter des heures à surfer sur les réseaux sociaux pour se donner une chance, si infime soit-elle, de voler à l’aventure et de toucher les étoiles, me semble être une bonne affaire. Et savoir aussi que dans la vie, tant qu’on est en bonne santé et que nos besoins de base sont couverts – on ne crève pas de faim, on a où vivre, on a de quoi rendre visite au docteur au besoin et on a les moyens d’aller à l’école – le fait de ne pas aller à la recherche active de ce qui nous anime est un choix personnel…mais qu’il n’est pas nécessairement le meilleur.